"Mais c'est encore le lendemain, quand en pleine périphérie commerciale de Lyon, on est allés se ravitailler au Giga mega hyper Carrefour lui-même inclu dans un centre commercial sans plus aucune mesure, que j'ai vraiment halluciné. Il y avait évidemment tout les services et tous les produits immaginables, allant des gsm-ipod-agenda-cadre photo intégré au fleurs poussées sous cloches en passant par les city-trip pour gens éteints... Les gens se précipitaient dans une effervescence fébrile et à la fois dans une telle immobilité intérieure !!! C'était effrayant de voir des visages fermés et fades, les yeux hagards, inquiets et frustrés, gros et pales, cherchant desespérément l'article qui pourrait bien les rendre heureux et accomplissant ainsi un rituel qui les épuise encore plus.... flash sur flash : le gsm, le ticket du parking, les clés, le caddie, les wc, le nouveau produit pour effacer les taches, la carte sim, les compléments nutritifs, le code anti-vol, les magazines, l'essence, les nouveaux dvd... c'est trop.
Je voyais ça d'autant plus clairement que moi-même, malgré l'épaisseur de silence et de temps que j'avais emportés avec moi, j'entrais presque naturellement dans cette fièvre de l'avoir et cette sensation qu'il faut consommer pour retrouver le bonheur... L'énergie dans ce genre d'endroit est au plus bas et si on ne prend pas garde, on est tellement sollicité de partout, stimulé dans tous nos sens et manipulé dans notre recherche qu'on sort vidé en moins d'une demi heure... Je n'avais jamais pris conscience de ça à ce point et tout à coup, le contraste était trop évident. Il me semble qu'on est vraiment en train d'aller trop loin et qu'on se fait un mal fou sans meme s'en rendre compte. J'ai voulu graver ça dans ma mémoire pour être à même, le moment venu, de faire les choix nécessaires pour limiter l'impact de ce genre de fourmilière sur ma vie.
Je crois que j'ai compris aussi pourquoi notre époque ne croyait plus en Dieu. Nous n'avons juste plus assez de silence pour laisser s'intaller sa paix."
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